Vous avez déjà lu par-ci par-là (ne serait-ce que dans les commentaires ici-même) les termes obscurs “Full Frame”, “APS-C”, ou encore “micro 4/3”, qui désignent des tailles de capteurs paraît-il. Voyons ensemble à quoi ces termes correspondent précisément et pourquoi il est utile de les comprendre. Vous verrez c’est tout simple en fait !

Si vous préférez ce format, j’ai aussi traité le sujet en vidéo plus récemment (et en bonus, vous m’entendrez parler ch’ti :D) :

YouTube video

Avant le numérique, la lumière était captée par un film sensible à la lumière, qu’on appelait assez couramment la pellicule photo. Cela pouvait être d’autres types de surfaces, mais passons puisque nous nous intéressons au numérique. Sur nos appareils numériques, le film a été remplacé par un capteur électronique sensible à la lumière.

Si vous voulez mieux connaître l’histoire de la photo argentique et comment elle fonctionne, vous pouvez lire mon article d’introduction sur la photo argentique 🙂

Les différentes tailles de capteurs

Bien qu’il existait d’autres formats (le moyen format notamment), la pellicule “petit format” de 24x36mm (de proportions 3/2), aussi appelée “35 mm”, fût la plus populaire, et finit par devenir un standard sur les appareils argentiques.

Un capteur numérique plein format

La logique aurait voulu que les appareils photos numériques reprennent cette norme, mais pour des raisons à la fois techniques et économiques (un grand capteur étant plus cher qu’un petit), les appareils numériques embarquent des capteurs de tout un tas de tailles différentes. Je vous les détaille de façon à ce qu’on se comprenne bien dans la suite et que vous puissiez situer aisément votre appareil dans la liste :

  • Les capteurs “plein format” ou “Full Frame“, de 24x36mm, équivalents en dimension aux pellicules, présents sur certains reflex et hybrides haut de gamme (Canon EOS 5D et 1Ds, Nikon D5 et D850 et Sony A7 par exemple)
  • Les APS, capteurs d’assez grande taille mais plus petits que le plein format, présents sur des reflex et hybrides de l’entrée de gamme au haut de gamme
    • Le format APS-H est 1,3 fois plus petit que le plein format. Il n’est présent que sur les anciens Canon EOS 1D.
    • Le format APS-C est 1,5 (Nikon, Sony, Fujifilm) à 1,6 fois (Canon) plus petit que le plein format. Très courant, il est présent sur tous les modèles de reflex numériques que je n’ai pas encore cités.
  • Le système micro 4/3, environ 2 fois plus petit qu’un plein format, mais surtout de proportions 4/3 et non plus 3/2, en général sur des compacts à objectifs interchangeables (hybrides) chez Panasonic et Olympus.
  • Toute une série de petits capteurs 4/3 (environ 3 fois plus petit qu’un Full Frame) présents sur tous les compacts classiques et les bridges.

Pour vous donner une idée des tailles différents capteurs, j’ai traduit et simplifié le schéma présent sur Wikipédia, en conservant la dimension du “moyen format” pour vous donner une idée de la gigantesque différence de taille (et vous donner envie de vous endetter à vie pour acquérir une de ces petites merveilles :P). Les 4 petits rectangles en bas à gauche correspondent aux différents capteurs de compacts et de bridges existants.

Tailles de Capteurs Photo

Les conséquences pour le photographe

Vous allez me dire : c’est bien joli, mais on s’en fout ! 😀 Sauf que la taille de votre capteur a des conséquences intéressantes qu’il vaut mieux connaître.

La qualité d’image

Je devrais plutôt parler de sensibilité ou de plage dynamique, mais ce sont des termes un peu techniques et qu’il n’est pas utile de développer pour l’instant. Mais voyons rapidement comment un capteur fonctionne pour mieux comprendre.

En gros, un capteur est constitué de millions de photosites, chacun ayant la capacité de capter la lumière, et en l’occurrence ses composantes de rouge, de vert et de bleu, comme le fait l’œil humain (oui, même pour les capteurs numériques, nous avons copié la nature qui est plus forte que nous 😉 ).

Ces photosites sont couramment désignés dans le commerce sous forme de “mégapixels”. 12 megapixels équivalent à 12 millions de photosites sur le capteur.

Vous allez donc me dire que plus il y a de photosites, mieux c’est, et ainsi être bien content d’avoir pris le 24 Mpixels plutôt que le 20. Mais c’est sans compter la taille du capteur.

Imaginez que vous essayez d’entasser 20 millions de personnes dans un enclos rectangulaire (quand on fait ça dans une ville, on appelle ça la braderie de Lille :P). Vous avez de la chance, vous avez un très grand enclos et les personnes ont toutes assez de place.

Si dans ce même enclos, vous essayez d’en entasser 24 millions, chaque personne aura moins de place. Pour les photosites, c’est la même chose : plus ils ont un grand capteur (un grand enclos), plus ils peuvent prendre de place. A l’inverse, plus il y a de photosites, moins il y a de place. A nombres de megapixels équivalents, les photosites d’un reflex ou d’un hybride sont en moyenne 12 fois plus grands que ceux d’un compact ! (comme ils ont en général plus de megapixels, ils sont de 8 à 12 fois plus grands en réalité)

Vous allez me dire “qu’importe s’ils sont plus serrés, ils captent toujours la lumière”. Oui, mais. Pour simplifier à l’extrême, plus un photosite est grand, plus il captera la lumière avec précision. Ce qui veut dire moins de bruit et d’une manière générale une meilleure qualité d’image.

Vous voyez donc que la taille du capteur est très importante pour la qualité finale de l’image, et c’est pour cela que je conseille le reflex ou l’hybride pour obtenir des images d’une meilleure qualité (en termes techniques, pas artistiques évidemment). L’achat d’un reflex ou d’un hybride muni d’un capteur plein format est souvent onéreux, mais un APS-C ou micro 4/3 est déjà largement supérieur à un capteur de compact ou de bridge, ridiculement petit.

La focale apparente

La distance focale d’un objectif (on dit aussi “focale” ou “longueur focale”) ne change pas réellement selon l’appareil sur lequel il est monté. Cela dit, plus le capteur sera petit, plus la focale apparente augmentera, c’est-à-dire plus le sujet sera grossi par rapport à la réalité.

C’est pour ça que pour les focales, on parle souvent «d’équivalent 24×36». Ce qui veut dire “vous auriez besoin de telle focale pour obtenir un rendu similaire sur un appareil à capteur 24×36“, mais ça fait un peu long, avouez 😉

Je parle chinois ? Prenons un exemple :

Si vous placez un objectif 50mm sur un boîtier APS-C, vous aurez à peu près le même angle de vue dans le viseur que si vous placez un 80mm sur un boîtier plein format. En fait, sur un boîtier muni d’un capteur plus petit qu’un plein format (donc la plupart des boîtiers), la focale apparente est multipliée par le coefficient multiplicateur du capteur.

Le coefficient QUOI ?

Je vous ai bien eus, car j’ai placé ce coefficient multiplicateur au tout début de l’article sans que ne vous en rendiez compte 😀 Pour un APS-C Canon, c’est 1,6 par exemple ! 😉 Pour que vous compreniez mieux, je vous ai fait un tableau.

Correspondance des longueurs focales apparentes selon le format de capteur

Micro 4/3 : x2APS-C : environ x1,5Plein format
8mm10mm16mm
12mm16mm24mm
14mm18mm28mm
17mm23mm35mm
25mm35mm50mm
35mm46mm70mm
42.5mm56mm85mm
50mm66mm100mm
67.5mm90mm135mm
100mm133mm200mm
150mm200mm300mm
200mm266mm400mm
300mm400mm600mm
400mm533mm800mm

Comment lire ce tableau ?

C’est simple : si vous montez un objectif 8mm sur un capteur micro 4/3 par exemple, vous aurez à peu près le même angle de vue que si vous montiez un objectif 16mm sur un capteur Full Frame.

Ou encore, si vous montez un 18mm sur APS-C, vous aurez à peu près le même angle de vue qu’avec un 28mm sur Full Frame.

Vous l’aurez compris, les optiques objectifs grand-angle (avec une courte focale) sont moins grand angle (ce qui peut être un désavantage pour la photo de paysage par exemple) mais les téléobjectifs sont plus téléobjectifs (ce qui peut être un avantage pour la photo animalière par exemple). C’est un facteur non négligeable dans le choix d’un boîtier. Mais n’oubliez pas qu’un plus grand capteur signifie également une meilleure qualité d’image 😉

(Note pour votre culture : ceci fonctionne aussi dans l’autre sens. Sur du moyen format, une focale de 100mm, c’est plutôt court ! 😉 )

Donc en réalité, la focale indiquée sur l’objectif est moins importante pour vous que l’angle de vue réel qu’il va vous donner placé sur votre appareil. Autrement dit, si vous voyez qu’un photographe a fait une photo d’un animal avec un 600mm, mais qu’il avait un boîtier Full Frame, vous n’auriez pas eu besoin d’une focale aussi longue dans la même situation, avec un boîtier APS-C par exemple.

Prenons quelques exemples concrets pour mieux comprendre comment utiliser ce tableau :

Les objectifs conçus pour un format de capteur

Un objectif est souvent conçu pour un format de capteur, même s’il peut se monter sur un autre.

Pour les reflexs Full Frame par exemple (Canon 5D, Nikon D850, …), vous allez en général trouver un objectif 24-70mm f/2.8. En effet, c’est LE zoom classique par exemple : vous allez d’un vrai grand-angle à un petit téléobjectif, il a une grande ouverture maximale, bref vous pouvez tout faire avec.

La monture des appareils APS-C de la même marque fait que vous pouvez aussi monter des objectifs conçus pour le Full Frame dessus. Rien ne vous empêche de l’acheter et de le mettre sur votre appareil APS-C.

Seulement voilà, si vous montez un 24-70mm sur un reflex APS-C, il aura environ le même angle de vue qu’un 35-105mm sur Full Frame : vous perdez l’aspect “grand-angle” de cet objectif, et donc une grande partie de l’intérêt.

C’est pour ça que les constructeurs ont en général prévu des objectifs exprès, prévus pour répondre au même usage, comme des 17-50mm, qui donnent l’équivalent d’un… 24-70mm ! La boucle est bouclée 🙂

Si vous voulez plus de détails là-dessus, j’en parle dans mon article : faut-il penser au Full Frame quand on achète des objectifs pour APS-C ?

En réalité, vous cherchez un angle de vue particulier

Quand on choisit la focale d’un objectif, en réalité, on ne choisit pas une distance focale. Tout le monde s’en fout de ça.

On choisit un angle de vue :

  • On veut pouvoir voir très large, et on va donc chercher un objectif ultra grand-angle.
  • On veut pouvoir voir très loin, et donc on cherche un gros téléobjectif.

Selon la taille du capteur de votre appareil, la distance focale nécessaire ne va pas être la même.

Je vais prendre mon exemple, car j’utilise des appareils au format micro 4/3. En 2016, quand je suis parti pour la première fois en safari photo. J’avais encore mes reflexs Full Frame à l’époque. Je suis parti avec un objectif 150-600mm, et j’avais été plutôt satisfait, même si je n’aurais parfois pas dit non à un peu plus de zoom.

L’année suivante, je suis reparti, mais avec mes appareils micro 4/3 uniquement. Je savais que j’avais besoin d’un “équivalent” 600mm, au minimum.

J’ai donc regardé ce que proposaient Panasonic et Olympus, et j’ai trouvé le Panasonic 100-400mm. En “équivalent plein format”, ça fait… 200-800mm ! C’était donc parfait pour mon usage, même si sur l’objectif, il est marqué “400mm” : peu importe le chiffre, ce qui compte c’est que ça comble votre besoin photographique.

Il a l’air gros sur la photo, mais il ne faut que 17cm de long !

Si vous voulez en savoir plus, j’ai rédigé un article complet sur le choix d’un objectif pour reflex ou hybride 🙂

Notez aussi que l’angle de vue que vous offre tel ou tel objectif ne va pas juste vous servir à zoomer ou dézoomer.

Non, l’angle de vue est un outil au service de votre créativité, et va vous aider à retranscrire des émotions dans vos photos. Par exemple : en utilisant un objectif grand-angle et en vous rapprochant du sujet, vous allez créer un sentiment plus immersif pour le spectateur, comme s’il était à vos côtés.

Si vous avez envie de creuser ce sujet (passionnant), je vous conseille la formation Composition Captivante de David Duchemin, éditée en français par votre serviteur 😉

Voilà, j’espère que cet article vous aura aidé à comprendre qu’un 50mm est meilleur pour du portrait sur un APS-C que sur un full frame, que 18mm sur votre reflex n’est pas si grand angle que ça (sauf si vous avez la chance d’avoir un full frame), que 21 Mpixels c’est bien mais que si le capteur fait la taille de l’ongle de votre auriculaire ça l’est moins, etc…

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Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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