Avez-vous déjà regardé avec admiration une de ces images desquelles on ne peut détacher le regard ? Avez-vous remarqué comme votre œil était désespérément attiré sur un seul point de l’image sans pouvoir s’en détacher ? Découvrez quels sont les éléments d’une image qui attirent le plus l’œil et comment diriger le regard de ceux qui s’arrêteront sur vos images, mais également quels sont les éléments qui peuvent gêner la lecture de votre image et détourner l’œil du sujet.

Je pense qu’une photo forte est une photo où l’œil est guidé vers un endroit de l’image, ou “voyage” dans l’image de la façon dont le photographe l’a voulu. C’est ce qu’on appelle communément une image bien composée, et vous connaissez déjà certaines règles qui permettent d’améliorer la composition de vos images : la règle des tiers, celle du nombre d’or, la perspective, la simplicité, ou autres astuces de composition. Mais voyons plus précisément comment attirer l’œil. Corollaire : si quelque chose d’autre que votre sujet présente des caractéristiques qui attirent l’œil, c’est plutôt mauvais pour la clarté et la lisibilité de votre image, à moins que votre sujet soit réellement attirant visuellement (et je ne parle pas que d’une jolie fille 😉 ). Ce que je veux souligner, c’est que chaque élément dont je vais parler peut à la fois jouer en votre faveur et en votre défaveur.

1. Net plutôt que flou

Ça va sans dire mais ça va mieux en le disant : l’œil est irrésistiblement attiré par ce qui est net dans l’image. A moins que toute votre image soit nette, la netteté de votre sujet est donc très importante. C’est pour ça que les conseils pour bien faire la mise au point ou améliorer la netteté de vos images sont importants. Et c’est pour la même raison qu’il faut faire la mise au point sur l’œil du sujet (pour un portrait ou de la photo animalière), ou sur le point sur lequel vous voulez attirer l’attention.

Mais ce qu’il est également intéressant de noter, c’est qu’on regarde moins les parties floues de l’image. C’est pour ça que comprendre la profondeur de champ est très important : en la maîtrisant, vous pouvez aisément mettre en valeur votre sujet par rapport à son environnement.

Les deux combinés donnent par exemple ce portrait à gauche (n’hésitez pas à cliquer sur l’image pour mieux voir 😉 ), pour lequel j’ai fait la mise au point sur l’œil gauche (enfin celui à droite de l’image quoi), et utilisé une profondeur de champ relativement réduite pour qu’il devienne le centre d’attention principal de l’image 🙂

2. De grande taille plutôt que de petite taille

D’une manière générale, les éléments qui prennent le plus de place dans l’image attirent plus l’œil. C’est pour ça qu’il faut remplir le cadre avec son sujet.

Attention, cela ne veut pas dire qu’un sujet qui ne prend pas beaucoup de place dans le cadre n’attirera jamais l’œil : ce n’est le cas que lorsqu’il rentre en compétition avec autre chose. Par exemple, vous faites un portrait de quelqu’un d’assez loin, et on voit clairement un gros monument derrière. Par contre, dans une photo très simple (comme celle à gauche, qui est plutôt un contre-exemple d’ailleurs) où il n’y a que votre sujet et un environnement sans éléments qui attirent l’œil, on ne verra que lui, même s’il est petit. C’est la force de la simplicité, qu’on évoquera de nouveau en fin d’article 😉

3. L’Humain

L’Humain avec un grand H car je parle de tout ce qui s’y rapporte : que ce soit un détail (une main, un œil), une personne entière, une faible silhouette au loin, ou même simplement un indice d’une présence humaine (un parapluie ouvert vu de dessus par exemple). Les visages (et en particulier les yeux comme on l’a dit précédemment) attirent particulièrement notre attention. Et oui, nous sommes des êtres sociaux (enfin pour la plupart d’entre nous :P), et nous sommes ainsi faits que tout élément humain nous attire irrémédiablement. N’avez-vous jamais remarqué la force que la présence humaine peut donner à une image ? Dans le paysage de gauche, notez comme la présence humaine donne à la fois une idée de l’échelle et de l’immensité de ce paysage, guide l’œil vers la vallée et en même temps raconte une histoire (ce qui est très important !).

4. Les zones lumineuses plutôt que les zones sombres

C’est un principe assez évident en noir et blanc puisque la luminosité est le seul élément qui reste pour distinguer les pixels les uns des autres. Mais c’est tout aussi valable en couleurs : les zones lumineuses attirent le regard. Placer un sujet bien éclairé sur un arrière-plan plus sombre est gagnant à tous les coups ! Et même si le sujet est assez peu éclairé, il se détache toujours très bien de l’arrière-plan tant que celui-ci est très sombre voire noir. C’est ce qui se passe dans ma photo de concert à gauche : l’arrière-plan étant totalement noir, on ne voit plus que le sujet. Simple, mais efficace !

Avoir un sujet suffisamment éclairé est plutôt intuitif, mais un élément auquel on fait moins souvent attention, c’est la présence d’éléments lumineux à l’arrière-plan (ou tout du moins qui ne sont pas le sujet). Ce sont des éléments qui peuvent être très perturbateurs pour la lecture de l’image, et qui distraient très facilement l’œil. Faites donc attention à les sortir du cadre autant que possible, car même en les floutant grâce à une profondeur de champ réduite, ils restent gênants, et c’est à mon sens c’est une des pires choses qui puisse gâcher votre arrière-plan !

5. Les couleurs chaudes plutôt que froides

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi une paire d’escarpins rouges dans la rue vous faisaient systématiquement baisser les yeux ? 😉 Et bien nos yeux se dirigent naturellement vers les couleurs chaudes. Rouges, oranges, jaunes nous attirent, par opposition à des couleurs plus froides. C’en est presque caricatural sur la photo de gauche, même si vous avez aussi tendance à regarder les oranges parce qu’elles sont plus nettes, que l’arrière-plan est très simple et tout simplement parce qu’elles sont l’élément le mieux identifiable. Mais quand même 😉 Vous pouvez utiliser ceci très facilement pour attirer l’attention sur un élément en particulier, mais il faut également prendre garde à éviter des éléments de couleur chaude dans le cadre si votre sujet est à dominante bleue, violette ou verte !

6. Les couleurs saturées

Pour être bien clair quant à ce que j’entends par “saturé” : ceci est un vert saturé, ceci est un vert peu saturé. Le second n’est pas plus clair, il est juste moins saturé. Voici un vert plus clair (mais aussi saturé que le premier). Idem avec du orange saturé, du orange moins saturé.

Plus couramment,on parle de couleurs vives et pastel. Faites l’expérience de placer un sujet aux couleurs saturées devant un arrière-plan plutôt pastel : il sera immédiatement mis en valeur. Cependant, faites attention si votre sujet présente des tons plutôt pastel : tout élément très saturé dans le cadre en détournera l’attention !

Sur la photo de gauche, le gâteau aux couleurs plutôt vives se détache de l’assiette pastel, mais la tasse est d’un vert assez saturé derrière, et détourne un peu l’attention malgré son placement hors de la zone de netteté.

7. Les lignes diagonales voire courbes

On avait déjà eu l’occasion de l’évoquer avec la perspective, mais d’une manière générale les lignes guident le regard dans l’image. Cela dit, les lignes droites (je veux dire par là celles qui sont horizontales ou verticales) servent plutôt de cadres ou de séparations entre différentes zones à l’intérieur de l’image. Par contre, les lignes diagonales, qu’elles soient subtiles ou très marquées, ont tendance à guider l’œil. C’est ici un peu plus subtil que précédemment : si plusieurs diagonales pointent vers le même endroit, le regard va effectivement s’y fixer, mais s’il n’y en a qu’une seule ou plusieurs parallèles, le regard ne sera pas vraiment fixé sur un point, mais voyagera plutôt en suivant ces lignes de force. Dans l’idéal, il faut donc y placer votre sujet.

A l’inverse, si votre image présente une ou plusieurs diagonales fortes mais qui ne guident pas le regard vers votre sujet, votre effet sera raté.

Il existe des lignes de force plus subtiles dans votre image : les courbes. Les courbes simples (de type S) sont les plus efficaces pour guider l’œil, apporter une certaine esthétique à l’image, voire raconter une histoire. Dans l’image de gauche, ces empreintes de pas sont astucieusement placées et on imagine facilement deux personnes marchant côte à côte. Notez d’ailleurs que ces traces de pas humains se rapportent également au point n°3 😉

Dernières précisions

Il est déjà très utile de connaître tous ces éléments individuellement. Prenez tout de même garde à ne pas être trop sectaire 😉 Ce n’est pas parce que votre sujet ne remplit pas toutes ces conditions que l’image est mauvaise, bien entendu ! Cela dit, vous remarquerez que la plupart des images que j’ai présentées combinent plusieurs de ces principes. D’ailleurs, petit jeu pour les plus motivés : pour chaque image, dîtes-moi dans les commentaires quels principes ont été utilisés et comment ! 😉

Comme je l’ai évoqué dans le dernier point, fixer l’œil sur un seul point n’est pas la seule possibilité, et il peut être intéressant de le faire voyager entre deux éléments de l’image, ce qui peut contribuer à donner un sens à l’image. Mais ne multipliez pas trop les éléments d’intérêt.

Deux bonnes manières de vous simplifier la tâche :

  • l’œil se dirige préférentiellement vers les éléments facilement identifiables. Autrement dit, même si quelque chose est hors zone de netteté, l’œil se dirigera vers lui si on peut facilement le reconnaître. A l’inverse, si vous arrivez à rendre un élément potentiellement gênant méconnaissable, ça peut vous aider.
  • composer des images simples à l’arrière-plan dépouillé vous facilite grandement la tâche en éliminant d’office bon nombre de distractions.

Et pour finir, pensez que vous pouvez modifier certains de ces éléments en post-traitement : la balance des blancs, le contraste, la saturation des couleurs voire des outils de retouche pour éliminer de petits éléments gênants de l’arrière-plan. Pensez-y ! 😉

Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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