A la suite de l’article sur l’exposition, comme promis, il y aura un article sur chaque “angle” du triangle de l’exposition. Attention, si vous n’avez pas lu ce premier article, je vous recommande vivement de le lire avant !

Je commencerai donc par l’ouverture du diaphragme : ce n’est pas le plus facile à appréhender parmi ces éléments, mais une fois que vous aurez compris cette partie, le reste vous paraîtra plus facile. Et surtout, l’ouverture et l’effet qu’elle produit est pour moi ce qui contribue beaucoup à la réussite (ou non) d’une photo. Mais nous y reviendrons.

Note : plus récemment, j’ai réalisé une vidéo courte pour vous aider à comprendre l’ouverture en photographie. Si vous préférez ce format ou que vous voulez voir ce concept expliqué d’une autre façon, la voici 😉


Définition

Comme ça va sans dire mais que ça va toujours mieux en le disant, un rapide rappel. L’ouverture du diaphragme est un des 3 paramètres qui influencent l’exposition d’une photo.

Elle correspond au diamètre d’ouverture du diaphragme au déclenchement. Si vous vous rappelez bien du précédent article, on avait par exemple comparé ça à la taille de la fenêtre.

Comment sait-on quelle ouverture on va utiliser ?

L’ouverture du diaphragme se mesure en “nombre f“. Sur votre appareil photo, cela s’inscrit comme “f/nombre”. C’est-à-dire f/3.5 ou f/22 par exemple. Là où beaucoup de photographes débutants se perdent, c’est que f/3.5 représente une plus grande ouverture que f/22 par exemple ! Il serait inutile de rentrer dans les détails techniques, mais retenez que :

  • plus le nombre f est grand, plus l’ouverture est petite
  • plus le nombre f est petit, plus l’ouverture est grande

En fait, c’est juste comme une fraction : 1/4 c’est plus petit que 1/2. Mais comme là c’est un f, c’est pas aussi intuitif pour tout le monde, maisbon, c’est comme ça !

SI vous regardez bien votre objectif, vous trouverez une inscription du type 18-55mm 1:3.5-5.6. Le “1:3.5-5.6” représente en fait l’ouverture maximale de votre objectif à ses extrêmes de distance focale (ou de zoom si vous préférez). Je sais, je parle un peu chinois, voyons donc à quoi ça correspond dans le cas de cet objectif.

Ça marche aussi chez toutes les autres marques hein 🙂

Ici, il s’agit d’un objectif qui peut donc ouvrir au maximum à f/3.5 à 18mm et au maximum à f/5.6 à 55mm. En effet, sur ces objectifs de kit, l’ouverture maximale change avec la longueur focale (il existe également des objectifs qui ont une ouverture constante, mais ils sont en général à la fois plus coûteux et de meilleure qualité). Gardez ça en tête, on y reviendra.

Comment régler l’ouverture ?

Régler l’ouverture est quelque chose de simple à effectuer. Vous pouvez la modifier dans deux modes différents : le mode manuel (M) ou le mode priorité ouverture (mode Av ou mode A). (pour plus de détails, voir l’article sur les modes de l’appareil photo)

Le mode manuel (M)

En mode manuel, si vous souhaitez modifier l’ouverture vous devez maintenir le bouton “Av” ou “+/-” sur votre appareil photo enfoncé, et tourner la molette. (Sur certains boîtiers haut de gamme, il y a 2 molettes, dont une des deux contrôle l’ouverture, et l’autre la vitesse d’obturation).

N’oubliez pas que modifier l’ouverture modifiera l’exposition, et qu’il faudra donc sans doute jouer sur l’un des deux autres piliers pour maintenir une exposition normale. Cela dit, je vous déconseille de vous essayer au mode manuel tant que vous n’êtes pas au fait des 3 éléments de l’exposition. Et pour les maîtriser au point que ça devienne complètement instinctif, la formation Devenez un Photographe Accompli peut vous aider 🙂

Le mode priorité à l’ouverture (Av ou A)

Ce mode porte bien son nom : quand vous l’utilisez, votre priorité est de régler l’ouverture. Vous n’allez donc régler que l’ouverture (avec la molette), et l’appareil photo fera le reste, à savoir régler la vitesse d’obturation, et les ISO si vous avez laissé sur ISO auto.

Vous allez donc logiquement me demander à quoi sert de régler l’ouverture, à part à modifier l’exposition ?

La profondeur de champ

La profondeur de champ est la proportion du cliché qui va être nette, ou mise au point si vous préférez. Pour faire simple :

  • si la profondeur de champ est grande, la majorité (voire la totalité) de l’image sera nette
  • si la profondeur de champ est faible, une petite partie de l’image seulement sera nette

En quoi cela nous concerne-t-il ? Et bien il existe une relation très intuitive entre nombre f et profondeur de champ : plus le nombre f est grand, plus la profondeur de champ est grande, et inversement. L’un des meilleurs conseils que je puisse vous donner c’est de retenir cette relation.

Photo prise à f/1.7. La profondeur de champ est réduite : seule la figurine est nette. Et encore, ses “oreilles” sont floues ! L’arrière-plan quant à lui est complètement flou.
Photo prise à f/16. La profondeur de champ est beaucoup plus grande, donc l’arrière-plan est net (en tout cas on le distingue), et la figurine l’est complètement.
Pour une valeur intermédiraire (ici f/5.6), on observe logiquement un résultat… intermédiaire. Toute la figurine est nette (y compris ses “oreilles”), et l’arrière-plan présente un peu de flou, mais on le distingue quand même pas mal.

Vous l’aurez compris, ceci a pour conséquence que si vous souhaitez augmenter la profondeur de champ, vous allez en fait diminuer l’ouverture (et donc la lumière qui entre dans votre appareil photo).

Cela dit, la profondeur de champ est un peu plus complexe que ça et est influencée par d’autres facteurs. Si vous voulez aller plus loin, lisez le cours sur la profondeur de champ ! 😉

Dans quel cas et comment utiliser la profondeur de champ et le mode priorité à l’ouverture ?

Typiquement, vous souhaitez en général avoir une grande profondeur de champ (grand nombre f) quand vous photographiez un paysage par exemple, ou même un monument.

A l’inverse, si vous faites un portrait ou que vous photographiez quelque chose comme une fleur par exemple, il peut être intéressant et esthétique d’utiliser une faible profondeur de champ (petit nombre f). Ceci permet d’obtenir un arrière-plan flou, et donc d’avoir seulement votre sujet net. Cette technique permet de centrer l’attention sur votre sujet. Bien sûr, il a d’autres principes de construction d’image pour renforcer vos compositions, c’est d’ailleurs l’objet de la formation Composition Captivante avec David duChemin.

photo faible ouverture f16
Sur cette photo, je voulais avoir l’arrière-plan net bien sûr, mais aussi la route : j’ai donc utilisé une ouverture relativement faible de f/16.
photo grande ouverture f/1.2
A l’inverse, sur cette photo, je voulais la mise au point uniquement sur le visage du chiot, et que le reste se perde dans le flou. J’ai donc utilisé une grande ouverture : f/1.2.

A ce stade, j’espère que vous avez bien compris, mais je résume rapidement :

  • grande ouverture = f/petit = faible profondeur de champ = portrait, fleurs, …
  • faible ouverture= f/grand = grande profondeur de champ = paysages, …

Une dernière astuce pour finir

Si vous avez déjà commencé à vous amuser avec l’ouverture et donc la profondeur de champ en lisant cet article, vous avez dû remarquer que quand vous modifiez l’ouverture, vous ne voyez pas la différence de profondeur de champ dans le viseur. En effet, votre appareil photo reste avec le diaphragme grand ouvert pour viser et mettre au point, et ne le ferme qu’au déclenchement.

Mais il existe un outil fantastique : le bouton de contrôle de profondeur de champ. En fait il porte mal son nom, il devrait plutôt s’appeler “visualisation de la profondeur de champ”. En effet, quand vous le maintenez enfoncé et que vous changez l’ouverture grâce à la molette, vous voyez l’effet qu’a le changement d’ouverture sur la profondeur de champ en direct dans le viseur ! De quoi obtenir exactement le flou que vous souhaitez !

Il est normal que l’utilisation de ce bouton modifie la luminosité que vous percevez, puisque vous changez la quantité de lumière qui entre dans l’objectif (la “taille de la fenêtre”). Mais ne vous inquiétez pas, si vous êtes en mode priorité à l’ouverture, l’appareil photo compensera par la vitesse et/ou les ISO. Par ailleurs cette différence de luminosité disparaît dès que vous relâchez le bouton.

Attention, il n’est pas toujours très visible ni très bien placé, donc consultez votre manuel 🙂

Je vous renvoie à votre manuel pour trouver la localisation de ce bouton. Attention, il n’est pas présent sur tous les modèles !

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui, et c’est déjà pas mal ! Si vous avez des questions, des remarques, des précisions ou autres, laissez un commentaire ! Et maintenant que vous avez bien compris, lisez les articles sur la vitesse d’obturation d’abord, puis sur la sensibilité iso !

Avez-vous tout compris ? Testez-vous avec le quizz :


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Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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